J’ai rencontré Miguel en 2019, au cœur de la Comuna 13, un quartier longtemps considéré comme l’un des plus dangereux de Colombie. Ce qui m’a frappée lors de notre rencontre, c’est la tension étonnante qui semblait l’habiter : une colère endormie, une douceur fière.
En 2024, nos chemins se croisent à nouveau. Naturellement, presque instinctivement, je commence à documenter son quotidien, sa fragile intimité. Miguel est l’un des rares à vivre seul dans ce quartier en perpétuelle effervescence. Les un.e.s et les autres ont alors fait de la maison de Miguel un lieu central de rassemblement. Les enfants y cueillent les mangues, s’y réfugient pour un dessin animé. Les voisins y déposent des arepas sur le rebord d’une fenêtre entrouverte. Les amis passent, la vue est belle, la fumée flotte. On marche ensemble, on danse, on chante, en espérant que les étoiles entendent nos prières.
La Comuna 13, depuis plusieurs années, renaît de ses cendres et est devenue un haut lieu de street art, de joie, de fêtes et de tourisme.
Et Miguel, lui, incarne encore ce mélange brut et tendre, ce territoire hésitant entre mémoire et lumière.
Il rêve d’un monde où la violence ne reviendrait plus.
Comme nous tous·tes.
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